Du 15 septembre au 15 décembre 2025, vous pouvez donner votre avis sur le projet de classement en Réserve naturelle régionale pour 10 ans du site naturel des dunes et paluds bigoudènes, dans le Finistère. Toutes les observations sur le projet peuvent être déposées directement sur la plateforme en ligne https://atelier.bretagne.bzh ou sur les registres disponibles au siège des communautés de communes et dans les mairies des 9 communes concernées par le projet.
La consultation publique est une étape nécessaire dans le processus de classement ou de renouvellement de classement des Réserves naturelles régionales (RNR) (l’ordonnance du 5 janvier 2012 prévoit en effet de recueillir l’avis du public sur tout projet de création ou d’extension de Réserve naturelle régionale).
Le bilan de la consultation publique, et des autres avis obligatoires recueillis, sera publié sur la plateforme L’Atelier Breton durant 3 nouveaux mois, avec l’exposé des principales modifications apportées le cas échéant ou les raisons qui ont conduit au maintien des dispositions initiales du projet.
Présentation du site des dunes et paluds bigoudènes et du projet de Réserve naturelle régionale
Le site naturel des « dunes et paluds bigoudènes » proposé au classement en Réserve naturelle régionale se situe à l’extrémité sud-ouest du Finistère et constitue la partie sud de la baie d’Audierne. Il concerne 9 communes : Plozévet, Pouldreuzic, Plovan, Tréogat, Plonéour-Lanvern, Tréguennec, Saint-Jean-Trolimon, Plomeur et Penmarc’h ; et deux communautés de communes : la communauté de communes du haut Pays bigouden (CCHPB) et la communauté de communes du Pays bigouden sud (CCPBS).
Le site accueille le plus grand massif dunaire et les deux plus grands étangs naturels du Finistère (Kergalan et Trunvel). Les zones humides couvrent 530 ha en bordure de littoral. Elles sont imbriquées dans une plaine dunaire de 640 ha et forment avec elle un écosystème original. Les dépressions façonnées par le vent s’inondent l’hiver et transforment le paysage dunaire en une série de « mers intérieures » (les paluds), séparées de l’océan par un cordon littoral de sable ou de galets. La particularité du site réside dans cette association d’habitats naturels secs et humides. Il abrite également un habitat naturel unique en Bretagne : la lande sur serpentine.
L’hétérogénéité spatiale et temporelle des milieux favorise la biodiversité. Ce sont plus de 1 200 espèces animales qui ont été observées sur le site dont environ 320 espèces d’oiseaux. Sur les 94 espèces nicheuses, 49 peuvent être considérées comme patrimoniales ; sur les 222 espèces migratrices régulières, 78 sont patrimoniales ; et sur les 145 espèces hivernantes, 47 sont patrimoniales. Le site représente un bastion national pour certaines espèces d’oiseaux nicheurs comme le Gravelot à collier interrompu (Anarynchus alexandrinus), la Panure à moustaches Panurus biarmicus, la Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus), ou encore la Locustelle luscinoïde (Locustella luscinioides). Les roselières servent aux haltes migratoires du Phragmite aquatique (Acrocephalus paludicola) et du Phragmite des joncs (Acrocephalus schoenobaenus). La station de baguage de Trunvel, gérée par Bretagne vivante depuis 1988, constitue un outil essentiel de la connaissance du patrimoine naturel sur le site et permet d’alimenter 3 programmes de recherches à l’échelle nationale.
La faune invertébrée est bien représentée avec 906 espèces observées à ce jour, dont 28 espèces patrimoniales : 2 odonates (libellules et demoiselles), 4 papillons, 4 orthoptères (sauterelles et criquets), 4 punaises aquatiques, 8 coléoptères, 1 hyménoptère, 4 arachnides, et 1 isopode).
16 espèces d’amphibiens et reptiles sont connues sur le site, dont une espèce patrimoniale. Les mammifères sont représentés par 24 espèces terrestres et 9 marines, dont 4 peuvent être considérées comme patrimoniales. 12 espèces de poissons sont également connues sur le site et deux d’entre elles sont patrimoniales.
Le site accueille une vingtaine d’habitats d’intérêt communautaire (au titre de la Directive européenne Habitat Faune Flore). Plus de 700 taxons floristiques y ont été inventoriés : 3 sont d’intérêt communautaire, 26 protégés et 58 considérés rares et/ou menacés à l’échelle régionale ou nationale. La zone constitue une limite de répartition septentrionale pour certaines espèces comme l’Astragale de Bayonne (Astragalus baionensis) et une limite de répartition méridionale pour d’autres espèces comme le Diotis maritime (Otanthus maritimus). Elle abrite une sous-espèce endémique, la Fétuque bigoudène (Festuca ovina subsp. bigoudenensis), spécifique des landes sur serpentines. On y retrouve une espèce d’orchidée ayant bénéficié d’actions nationales pour sa conservation, le Liparis de Loesel (Liparis loeselii). La baie abrite également un cortège remarquable de Characées (groupe d’algues), dont la rarissime Tolypella salina.
Si la faune et la flore terrestre du site sont relativement bien connues, certaines données sont assez anciennes et des lacunes ont été identifiées sur certains groupes (papillons de nuit, chauve-souris, etc.). De plus, les milieux naturels et la biodiversité associés à l’estran ont été peu étudiés. Des inventaires devront être mis en place dans le cadre de la Réserve naturelle pour actualiser et compléter les connaissances existantes.
Plusieurs éléments géologiques remarquables sont à noter sur le site et témoignent de l’évolution du territoire à l’échelle des temps géologiques. Les roches les plus anciennes datent de 480 millions d’années, dont la serpentine issue du plancher d’un océan aujourd’hui refermé.
Le cordon de galets actuels, ou Ero vili en breton, constitue un élément remarquable du paysage. Originellement étendu de Plozévet au nord à Plomeur au sud, cet ensemble géologique a souffert de l’exploitation des galets durant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui moins long et affaibli par ces extractions, il conserve néanmoins un rôle primordial dans l’existence des étangs, le paysage et la protection de la côte face aux phénomènes météo-marins. Les falaises meubles de Plovan et l’ancienne carrière de Ru vein laissent également apparaitre un cordon de galets fossile, mis en place il y a 300 000 ans et qui est inscrit à l’inventaire national du patrimoine géologique comme site d’intérêt patrimonial fort.
Les traces de l’occupation humainede la baie d’Audierne sont nombreuses et diverses. Le patrimoine préhistorique datant du Paléolithique est très présent sur ce territoire et atteste la présence de l’Homme depuis presque 300 000 ans. L’activité agricole traditionnelle a peu à peu façonné la plaine dunaire et l’on y devine encore le réseau de talus qui bordait les parcelles étroites. La présence d’étangs piscicoles et cynégétiques, les anciens ouvrages hydrauliques et les canaux de drainage témoignent d’aménagements humainsqui ont façonnél’aspect actuel des lieux. L’occupation allemande a également laissé en héritage nombre de blockhaus et autres Tobrouks. Le plus remarquable reste le Concasseur de Tréguennec qui a servi à exporter plus d’un million de tonnes de galets.
Le site des dunes et paluds bigoudènes ou plus largement la baie d’Audierne a été reconnue très tôt pour son patrimoine naturel exceptionnel. Le Conservatoire du littoral y commence ses acquisitions en 1985 et est aujourd’hui propriétaire de près de 800 ha.
Du fait de son exceptionnelle diversité biologique et d’habitats naturels, le site est intégré au réseau européen Natura 2000 depuis 2004 au titre de la Directive européenne « Oiseaux » et depuis 2007 au titre de la Directive européenne « Habitats, faune, flore ». Il bénéficie à ce titre d’un document d’objectifs cadrant la gestion et la préservation mises en œuvre par les communautés de communes du haut Pays bigouden et du Pays bigouden sud.
Deux arrêtés préfectoraux de protection de biotope y ont été mis en place en 2002 et 2020. Le premier vise la conservation des populations d’orchidées dans les secteurs de Kerharo et de Kerboulen à Plomeur. Le deuxième assure la protection d’une zone de reproduction pour le Gravelot à collier interrompu sur l’estran et le cordon littoral au niveau des étangs de Trunvel et de Kergalan.
Le site a également obtenu la labellisation Ramsar le 4 septembre 2021 en reconnaissance de ses zones humides d’importance internationale.
C’est donc dans la continuité et en complémentarité avec ces outils de protection et de valorisation du patrimoine naturel, que les communautés de communes bigoudènes ont saisi l’opportunité de l’appel à manifestation d’intérêt lancé par le conseil régional de Bretagne fin 2020, pour candidater à la création d’une Réserve naturelle régionale (RNR) sur le site.
Suite à la sélection de la proposition de création de Réserve naturelle régionale par le Conseil régional en (décembre 2021), une importante démarche de concertation a pu être développée dès octobre 2022 pour la construction collective et locale de ce projet. Cette concertation, regroupant plus de 300 partenaires et acteurs du territoire (élus, services de l’Etat, représentants d’usagers, professionnels, experts et riverains), a été conduite à travers une cinquantaine de réunions (comités de pilotage, comités techniques, groupes de travail, réunions bilatérales, visites de site, etc.).
Elle a permis d’installer le dialogue, de partager les connaissances, analyses et visions, de co-construire le projet et de rechercher des accords entre des acteurs aux intérêts parfois distincts. Cette démarche a été coordonnée par les communautés de communes bigoudènes, avec l’appui du Conseil régional.
Le projet résultant de ce travail collectif propose un périmètre, une réglementation, des orientations de conservation et de gestion et une gouvernance pour la future Réserve naturelle régionale.
- La surface proposée au classement, à ce jour de l’animation foncière, couvre 1418,1 ha dont 917,7 ha de surface terrestre. Les propriétaires principaux sur le domaine terrestre sont publics : il s’agit du Conservatoire du littoral, du Département du Finistère, et des collectivités locales. Des propriétaires privés ont également donné leur accord de principe pour le classement de 81 ha de terrain. Sur le domaine maritime, l’Etat est le seul propriétaire.
- La réglementation proposée sur ce périmètre vise à maintenir et encadrer les pratiques et usages afin de garantir la conservation et l’évolution des populations végétales, animales, des habitats présents, des patrimoines géologique et archéologique. Elle a été élaborée lors de la démarche de concertation avec les acteurs du territoire, sur la base des enjeux identifiés localement. Elle suit les recommandations de Réserves naturelles de France (RNF) et du guide d’élaboration des réglementations pour les Réserves naturelles régionales bretonnes.
- Les grandes orientations de conservation et de gestion de la future Réserve sont définies pour répondre aux 4 grands enjeux écologiques identifiés (les zones humides, l’estran et les milieux dunaires, les landes sur serpentine et les paysages) , les 2 enjeux patrimoniaux (patrimoines vernaculaire et archéologique) et les enjeux transversaux (acquisition de connaissances, sensibilisation, stratégie foncière, adaptation au changement climatique adéquation entre objectifs fixés et les moyens alloués, l’harmonisation des outils de protection de l’environnement et la gestion à l’échelle des paysages).
- En termes de gouvernance, les communautés de communes bigoudènes, porteuses du projet, se positionnent en tant que co-gestionnaires de la future Réserve, avec la volonté de mutualiser les instances et documents de gestion Natura 2000-terrains du Conservatoire du littoral-Réserve. Au regard des spécificités administratives et géographiques du site, un comité des maires est également institué. Un conseil scientifique dédié est souhaité pour l’accompagnement de l’organisme gestionnaire et du comité consultatif de gestion.