Création d’une Réserve Naturelle Régionale

En 2020, les Communautés de communes du Haut Pays Bigouden et du Pays Bigouden Sud, en lien étroit avec l’association Bretagne vivante, ont présenté conjointement au Conseil régional de Bretagne un dossier de candidature pour la création d’une nouvelle Réserve naturelle régionale dans le pays bigouden : la RNR des dunes et paluds bigoudènes.

Fort de son patrimoine naturel exceptionnel et particulièrement diversifié, le territoire a retenu l’attention du Conseil scientifique régional du patrimoine naturel et du Conseil régional permettant ainsi la sélection du dossier et l’engagement des démarches pour la demande de classement de la future RNR.

Les Réserves naturelles sont des espaces naturels, présentant une grande diversité de milieux naturels, d’espèces, d’objets géologiques et archéologiques, dont les équilibres sont fragiles et à protéger.

Une RNR est un outil réglementaire fort de protection de l’environnement puisqu’il implique la mise en place d’une réglementation adaptée aux enjeux de conservation du patrimoine naturel, tout en tenant compte du contexte local.

Toutes les réserves naturelles de France s’articulent autour de trois grandes missions : protéger, gérer et faire découvrir le patrimoine naturel. En Bretagne, les RNR sont construites autour de 4 grands principes :  elles sont dédiées à la connaissance et à la protection du patrimoine naturel, inscrites dans un réseau d’espaces naturels protégés, ancrées dans leur territoire, et ouvertes à l’éducation à la nature et au public.

https://www.reserves-naturelles.org/carte-des-reserves

La RNR des dunes et paluds bigoudènes est actuellement en construction via une démarche de concertation qui rassemble des experts scientifiques, les services de l’Etat, des acteurs socio-économiques, des élus, des associations, etc.
Elle se concentre sur la zone littorale du Pays Bigouden, allant de Plozévet au nord, à Penmarc’h au sud, et prend en compte divers paysages et milieux naturels :

  • La plage,
  • Les cordons dunaires ou de galets,
  • Les prairies dunaires,
  • Les étangs et leurs roselières,
  • Les cours d’eau et leurs vallées,
  • Les paluds,
  • Les marais,
  • Les landes littorales et landes sur Serpentine.

La particularité du site est la coexistence spatiale et temporelle de milieux très secs et de zones humides. C’est d’ailleurs en grande partie ce qui est à l’origine de sa richesse biologique. Il est possible d’y retrouver un grand nombre d’espèces animales (notamment des oiseaux) et végétales rares et menacées pour lesquelles le Pays Bigouden a une responsabilité très importante pour assurer leur conservation.

  • Le Phragmite aquatique (Acrocephalus paludicola), petit oiseau des roselières, s’arrête en pays bigouden au cours de sa migration entre les pays d’Europe de l’Est où il se reproduit et l’Afrique où il passe l’hiver. Certaines années, c’est jusqu’à 10 % de la population mondiale qui cherche nourriture et repos sur notre territoire avant de poursuivre sa route.
  • L’Astragale de Bayonne (Astragalus baionensis) est une petite plante légumineuse des dunes présente uniquement en France sur quelques stations du littoral atlantique dont la plus au nord est celle du Pays Bigouden.
  • L’Anguille d’Europe (Anguilla anguilla) témoigne de la bonne continuité terre/mer : elle se reproduit en mer mais les civelles (jeunes anguilles) remontent en eau douce pour atteindre leur maturité. L’interface littorale du Pays Bigouden représente un secteur d’importance pour cette espèce du fait de son étendue et des petits fleuves côtiers qui s’y jettent.

Le patrimoine géologique est également bien représenté, tout particulièrement par les cordons de galets, dont les plus anciens (-300 000 ans) sont visibles en haut de falaise. L’Ero vili (« Chaussée de galets » en breton) domine encore les plages du Haut Pays Bigouden malgré son exploitation au XXe siècle. Le territoire est également doté d’un patrimoine historique riche qui domine les paysages ouverts (clochers, concasseur) ou se découvre au détour des chemins (menhirs, lavoirs, bâtis anciens…).

La future RNR se verra dotée d’une réglementation qui encadrera les usages sur le site pour assurer la conservation de ces patrimoines remarquables. Si certaines pratiques seront requestionnées au cours de la démarche de concertation locale, il ne s’agit pas de mettre le site sous cloche mais bien de trouver un équilibre entre les usages et la protection des patrimoines naturels et culturels. Une différenciation spatiale et temporelle de la réglementation est également possible pour l’adapter plus finement aux besoins du site et à ses contraintes socio-économiques.

 

Depuis 2023, un important travail de concertation est mené avec l’ensemble des acteurs du territoire (services de l’État, collectivités, professionnels, associations, experts scientifiques, etc.). Près de 60 réunions aux formats diversifiés ont été organisées pour permettre la construction locale et collective de ce projet de territoire. En septembre 2024, la démarche de concertation a été prolongée de quelques mois pour renforcer l’appropriation locale de cet ambitieux projet de protection du patrimoine naturel. Les communautés de communes et la région, ainsi que tous les partenaires du projet ont partagé la finalisation des travaux de préfiguration de la RNR, lors du comité de pilotage de fin le 21 mai 2025.

Les étapes à venir pour le projet pour un classement mi-2026

Les deux présidents des communautés de communes, et l’élue régionale présidente de la commission climat, transitions et biodiversité, ont rassemblé le 21 mai l’ensemble des membres du comité de pilotage du projet pour partager l’aboutissement de la démarche de préfiguration de la RNR. Le dossier de demande de classement sera soumis aux membres du comité de pilotage puis aux conseils communautaires de la CCPBS et de la CCHPB, les 3 et 10 juillet, dans l’optique d’un dépôt au conseil régional de Bretagne à la fin du mois de juillet 2025.

La région ouvrira ensuite, en septembre, une période de consultation du public pour 3 mois. Les avis de différentes instances (État, collectivités, conseil scientifique régional du patrimoine naturel et conseil maritime de façade) seront également sollicités au cours de cette période, conformément à la procédure prévue par le Code de l’environnement. Ainsi, les conseils municipaux des 9 communes concernées par le périmètre de la future RNR devront se prononcer officiellement sur le projet.

Sur cette base et après instruction par la région Bretagne, le classement en Réserve naturelle régionale des dunes et paluds bigoudènes pourra être arrêté par le conseil régional de Bretagne, courant 2026.

Le label Ramsar n’est pas outil de protection de l’environnement mais il vient reconnaître l’importance des zones humides du territoire au niveau international et les efforts engagés pour les préserver.
C’est donc dans la continuité et en complémentarité avec la labellisation Ramsar que le projet de Réserve naturelle se construit aujourd’hui.

Le site naturel des dunes et paluds bigoudènes est déjà couvert par plusieurs outils de protection de l’environnement dont les plus connus sont Natura 2000 et les propriétés du Conservatoire du littoral (CdL). Dans ce cas pourquoi créer une réserve naturelle régionale ?

Ces trois outils sont complémentaires et répondent à des besoins de protection distincts. Ils permettent d’actionner différents leviers en vue de la conservation du patrimoine naturel en lien avec les missions spécifiques qui leurs sont attribuées.

Le tableau suivant apporte quelques éléments de comparaison entre ces trois outils de protection de l’environnement :

L’action conjointe de ces trois outils permet donc de bénéficier de leurs spécificités dans un objectif commun de préservation de l’environnement.